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Oeuvre d'Alba Llach Pou

Vous pourriez avoir un sosie sans même le savoir : la science des doubles

Dernière mise à jour : 13 mai

Peut-être vous a-t-on déjà dit que vous ressemblez à quelqu’un. Mais est-ce vraiment le cas ? Eh bien, oui. La science suggère qu’il existe quelque part sur Terre une personne qui vous ressemble et qui partage même certaines de vos variations génétiques faciales.


Illustration par Alexandra Banbanaste
Illustration par Alexandra Banbanaste

N’est-il pas fascinant de penser que certaines personnes possèdent exactement les mêmes traits de visage ? Les scientifiques se sont longtemps interrogés sur ce qui différencie deux jumeaux. Certains d’entre nous se souviennent peut-être qu’en 2019, la NASA a sélectionné deux vrais jumeaux, Scott et Mark Kelly, pour étudier l’impact d’un séjour dans l’espace sur le corps humain. Alors que Scott était envoyé dans l’espace, Mark restait sur Terre. L’expérience dura 25 mois, durant lesquels de nombreuses données furent recueillies sur les deux frères.


Au retour de Scott sur notre planète, les scientifiques observèrent que le niveau de méthylation de l’ADN des jumeaux n’était plus le même (1). La méthylation de l’ADN est un marqueur épigénétique qui joue un rôle clé dans la régulation de l’expression des gènes. Autrement dit, l’ADN seul ne suffit pas à définir notre unicité : la manière dont il est modifié et l’expression de nos gènes sont tout aussi importantes. Plusieurs études montrent que les jumeaux monozygotes (vrais jumeaux) partagent le même ADN, mais pas le même épigénome. En d’autres termes, on pourrait dire qu’ils parlent la même langue, mais avec des accents différents (2).


Bien que deux jumeaux partagent un ADN identique et se ressemblent physiquement, leur environnement influence leur épigénome. Mais alors, est-il possible que des personnes qui ne sont ni jumelles ni apparentées aient le même visage ? Dans ce cas, partagent-elles un ADN similaire ou un épigénome commun ? Quel rôle joue leur environnement dans cette ressemblance ?


Nous avons tous déjà entendu quelqu’un nous dire que nous ressemblons à une autre personne – un acteur, une chanteuse ou même une connaissance. Lorsqu’on pense à notre identité, il est naturel de se référer à nos traits du visage. Mais notre visage est-il vraiment unique ?


En 2015, le chercheur australien Teghan Lucas a démontré qu’en prenant en compte quatre mesures spécifiques du visage, la probabilité de trouver un véritable sosie était d’environ 1 sur 10 millions (3). Il n’est donc pas surprenant qu’il soit si difficile de trouver une doublure parfaite pour une scène de film. Toutefois, cela signifie aussi qu’il existe bel et bien quelqu’un, quelque part, qui vous ressemble presque à l’identique.


Fasciné par ce phénomène, le photographe canadien François Brunelle a lancé en 1999 le projet « Je ne suis pas un sosie », dans lequel il a collecté des portraits de sosies à travers le monde. À partir de cette initiative artistique, un groupe de scientifiques espagnols a décidé d’étudier si ces sosies partageaient des caractéristiques génétiques, épigénétiques et microbiennes, à l’instar des jumeaux.


En 2022, ces chercheurs ont adopté une approche innovante en utilisant un algorithme de reconnaissance faciale pour évaluer le degré de ressemblance des sosies sur les photos de M. Brunelle (4). Une fois la similarité des traits confirmée, ils ont analysé leur génome, leur épigénome et leur microbiome à partir d’échantillons de salive. Ils ont alors découvert que 56,2 % des sosies présentaient des génotypes similaires pour les variations faciales. Ce n’est donc pas une simple coïncidence : les sosies partagent bien certains gènes ! En revanche, leur épigénome et leur microbiome différent, tout comme chez les jumeaux.


L’étude s’est également intéressée à des facteurs clés du mode de vie des sosies, tels que les habitudes tabagiques ou le niveau d’éducation, et a révélé une forte corrélation. Ce constat soulève une question intrigante : partager des variations génétiques similaires peut-il influencer non seulement l’apparence, mais aussi certains comportements ? Ou bien est-ce le mode de vie qui, avec le temps, façonne nos caractéristiques physiques et modifie l’expression de nos gènes ?


On se souvient que les jumeaux astronautes Scott et Mark Kelly ont développé des épigénomes distincts en raison de leur environnement – l’un dans l’espace, l’autre sur Terre – illustrant ainsi l’impact des facteurs extérieurs sur la biologie. De la même manière, des sosies non apparentés peuvent adopter des styles de vie similaires, influençant ainsi leur apparence. Cela met en évidence les interactions complexes entre génétique et environnement.


Réferences


  1. Garrett-Bakelman et al. (2019). The NASA Twins Study: a multidimensional analysis of a year-long human spaceflight. Science https://doi.org/10.1126/science.aau8650

  2. Fraga et al. (2005). Epigenetic differences arise during the lifetime of monozygotic twins. Proc Natl Acad Sci U S A https://doi.org/10.1073/pnas.0500398102.

  3. Lucas et al. (2015) Are human faces unique? A metric approach to finding single individuals without duplicates in large samples. Forensic Sci Int. DOI: 10.1016/j.forsciint.2015.09.003 

  4. Joshi et al. (2022) Look-alike humans identified by facial recognition algorithms show genetic similarities. Cell Reports https://doi.org/10.1016/j.celrep.2022.111257 



Cet article a été révisé par Marielle Piber et Claire Lavergne. Traduit de l'anglais par Nathan Ribot.


Rencontrez l'auteur: Silvia Comunian

 
 
 

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SD
May 11
Rated 5 out of 5 stars.

Fascinant !

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